Mardi 6 septembre, nous sommes arrivés un peu avant midi à Corfou. Nous avons jeté l'ancre du côté tribord (gauche pour ceux qui ne savent pas) d'un bateau que nous connaissions bien, nos anciens futurs voisins de ponton. C'est eux qui nous ont recommandé de venir ici pour nous protéger un peu du prochain coup de vent et surtout pour admirer la vue sur la citadelle de Corfou.
Avant l'arrivée du coup de vent, nous avons visité la citadelle et nous en avons profité pour prendre une petite collation rare depuis notre départ en bateau : un très bon café macchiato et un roulé à la cannelle de chez Starbucks. J'en ai également profité pour acheter une tasse que j'utilise sans cesse depuis. Nous nous sommes limités au tourisme et n'avons pas fait les courses car nous avions réservé deux nuits au port de Gouvia pour faire un bon nettoyage de notre bateau, une lessive intensive et effectuer le fameux ravitaillement.
Le mercredi 7 septembre, nous avons levé l'ancre vers 13 heures pour nous rendre au port. Nous l'avons fait un peu le cœur serré car notre emplacement était vraiment excellent et nos voisins formidables (comme à la marina, je vous le dis). Nous sommes arrivés vers 15 heures et avons pris place. L'eau et l'électricité étaient branchées. Nous avons entamé les hostilités : lessives, nettoyages, rangement et lutte contre la poussière (ou le sable ?). Nous avons dressé la liste des courses et sommes partis sacs à dos sur le dos. Deux heures plus tard, les épaules en miettes (il le fallait bien, n'est-ce pas ?), nous avons commencé à ranger. Le nettoyage extérieur attendrait un peu. Mais à peine avons-nous eu le temps de souffler que nous avons vu des gens courir sur les pontons (ce qui est assez inhabituel). Romain est sorti et a vu un bateau en feu sur le même ponton que nous.
Le problème, c'est que le vent a changé de direction et les braises ont commencé à voler vers nous. Romain a aidé les bateaux à proximité à évacuer, pendant que je rassurais les enfants en leur disant que tout irait bien. Il a fallu attendre trois bonnes heures pour que le calme revienne. Ethan suppliait son papa de ne pas s'éloigner, pendant que je me préparais à un départ en urgence si le vent ne changeait pas de direction. Finalement, à part un bateau sale, le vent a décidé de nous épargner, tout comme la fumée dégagée par l'incendie. Mais le cœur brisé d'avoir vu un tel carnage, avec quatre bateaux totalement carbonisés et coulés par l'incendie. Les pompiers ont réussi à maintenir le feu en attendant l'arrivée des bateaux-pompiers qui ont encerclé et isolé les moins chanceux. Ceux qui étaient en danger ont été détachés et envoyés au fond de la baie ou dans d'autres allées des pontons si leurs propriétaires étaient à proximité.
Il est réconfortant de constater qu'il y a eu plus de peur que de mal lors de l'incendie. Le bruit du mat qui tombe sur le ponton et les explosions des batteries et des bonbonnes de gaz resteront gravés dans votre mémoire. Cela nous rappelle à quel point il est important de prendre grand soin de tout ce qui peut représenter un danger sur notre bateau. Le lendemain, vous avez pu admirer les dégâts et terminer de prendre soin de votre propre bateau. Ce qui est rassurant, c'est que vous étiez prêts, que vous n'avez pas paniqué et que vous saviez exactement quoi faire. Espérons ne jamais avoir à vivre une telle situation à nouveau.
Le vendredi 9 septembre, nous avons quitté la marina avec un certain soulagement en passant à côté des épaves, puis vous avons rejoint nos amis au mouillage. Ils étaient inquiets car ils savaient que nous étions présents lors de l'incendie. Une fois près d'eux, nous avez repris votre routine et profité de partager des moments de natation et de paddle avec nos enfants autour d'un café.
Le dimanche 11 septembre, il était temps de dire au revoir à Corfou, à la Grèce et à notre été. Nous avons levé l'ancre un peu avant 8 heures avec nos amis, et ensemble, nous sommes retournés en Sicile pour rejoindre notre port d'hivernage pour un dernier hiver.
Le mercredi 14 septembre, nous sommes arrivés à Marina di Ragusa, au même ponton à une place de catamaran de nos amis de voyage qui également sont de retour. Nous sommes à deux places de nos amis français qui vous rejoindront plus tard. C'est le moment pour nous de se préparer à plus de six mois d'hivernage. Nos yeux pétillent (ou peut-être est-ce dû à un cruel manque de sommeil, au choix), et nous avons des souvenirs plein la tête, que nos enfants ne manqueront pas de raconter à tous ceux qui voudront bien les écouter.
Espérant retrouver des copains de l'hiver dernier, de nouvelles amitiés à venir, faire des courses de trottinettes, imaginer un monde rien qu'à eux et qui sait... peut être une autre amitié durable avec des familles que nous n'aurions jamais rencontrées autrement.
Et n'oublions surtout pas le retour difficile à l'école... Eh oui, il faut y penser aussi !