N ous étions quasiment les seuls à entreprendre une traversée en dépit de la mauvaise météo, mais notre détermination nous à permis d'atteindre notre destination malgré le doute sur le fait d'avoir fait le bon choix. Nous ne sommes pas les seuls à ce matin là, un autre bateau nous précède de quelques minutes à peine. Nous attendons devant la capitainerie, car nous avons de l'avance, ce qui n'est pas dû au hasard. Nous avons réduit nos voiles et accéléré avec les moteurs dès que nous avons reçu la dernière mise à jour météo.
Le mistral, qui aurait dû nous rattraper au moment de notre arrivée prévue vers midi, a été devancé. Romain et moi décidons d'aller nous reposer pendant les trois heures qui nous séparent du changement d'équipe à la capitainerie, et l'attribution de notre place.
Il est 8 heures, Romain se rend à la capitainerie et revient quelques minutes plus tard avec la nouvelle que nous allons être placés. La fatigue est palpable, et la manœuvre qui nous attend est une première pour nous. Nous avons déjà expérimenté différents types d'amarrage, mais cette configuration entre deux poteaux "Ducs d'Albe" avec des amarres croisées à l'avant est nouvelle pour nous.
Nous devons nous y habituer, car c'est principalement ce que nous rencontrerons dans nos prochaines destinations. Les amarres longues sont prêtes, attachées, et attendent sur les filières à l'avant. Les pare-battages sont là, prêts à être mis en place.
Romain est à babord, les enfants sont à leurs postes, et je suis les yeux de Romain à tribord. Les piliers sont équipés de protections, ce qui nous rassure un peu. Le courant est fort, et Romain a du mal à positionner le bateau correctement. Parfois, comme il l'a appris, il faut donner un petit coup de gaz supplémentaire pour que notre chez nous décide de bouger.
Finalement, nous y arrivons. Ethan protège les marches arrières avec son pare-battage pour éviter de toucher le ponton en béton. Romain garde le bateau centré mais encore un peu trop en avant. Stephen donne au bosco la première amarre à babord, et nous sommes tous en alerte, car le bateau n'est pas encore sécurisé. Ensuite, c'est au tour de l'amarre à tribord. Les amarres croisées sur les poteaux sont prêtes, et nous pouvons continuer notre marche arrière. Cette fois, c'est une routine pour nous. Les amarres arrières sont posées, et le bateau est en sécurité. Nous pouvons enfin respirer, et nous félicitons les enfants, qui ont bien écouté nos directives malgré les conditions météo difficiles des deux derniers jours.
Nous sommes officiellement à notre place pour quelques jours. Le vent se lève, la pluie tombe, le mistral est là, mais nous avons réussi notre pari. Tout le monde mérite du repos. Les quelques jours à venir nous permettront de visiter un peu, de louer une voiture pour retourner voir nos familles et amis à terre, et de préparer le bateau pour notre prochaine étape, la transatlantique.
Nous faisons également la connaissance d'une autre famille de navigateurs. Nous échangeons nos numéros, et les enfants se lient d'amitié, avec l'espoir de se retrouver en Espagne. Une famille de plus, de nouvelles anecdotes à partager, une belle rencontre qui enrichit notre voyage !