Il est très tôt ce matin du 14 décembre. Une tasse fumante à la main, nous consultons frénétiquement la météo pour décider si nous partons ou si nous restons encore quelques jours. Nous redoutons de rester coincés ici pour les fêtes de fin d'année.

Les enfants ont besoin de retrouver une routine calme, tout comme nous, en tant que parents. Enfin, la mise à jour tant attendue arrive : le passage devrait se faire dans des conditions acceptables, ce qui est le mieux que l'on puisse espérer à cette période de l'année. La météo cette année a été imprévisible, avec des températures extrêmes et des prévisions chaotiques depuis le début du mois de mai.

En nous appuyant sur notre expérience, nos sensations et les prévisions météo de différents organismes, nous prenons notre décision.

Aujourd'hui, nous traverserons le détroit de Gibraltar!

Nous avons décidé de ne pas le faire seul. Bien que la traversée ne dure que cinq jours et que nous soyons tout à fait capables de la faire sans trop de fatigue, nous accueillons à bord deux jeunes bateaux-stoppeurs désireux d'apprendre à naviguer. C'est une décision prise en accord avec tous les membres de la famille.

Nous accueillons donc Julien et Mattéo chez nous pour les cinq jours nécessaires théoriquement pour rejoindre les îles Canaries. Après avoir donné les consignes de sécurité à tout le monde, il est 7h15 et nous partons. Nous quittons le port et progressons prudemment jusqu'au détroit.

Il est 9h30, et nous sommes maintenant face au détroit. L'espoir de le traverser calmement est rapidement dissipé. Nous devions avoir le courant avec nous, mais c'est tout le contraire, en plus du vent de face. Pour l'instant, il est faible, mais nous savons que cela ne durera pas toute la traversée.

Aucune orque en vue, mais une quantité incroyable de dauphins aperçus pendant cette traversée.

En raison des risques d'attaques d'orques, Romain décide de longer les côtes Marocaines, où elles semblent éviter de s'aventurer. Probablement parce qu'un grand nombre de pêcheurs rend la zone difficile pour elles. Nous saisissons cette opportunité pour nous y faufiler.

Une fois de plus, notre expérience et notre détermination à traverser nous aident. Nous finissons notre passage 8h30 plus tard, presque le double du temps initialement prévu. Nous sommes sortis sans incident, aucune attaque, aucune orque aperçue. Nous sommes tous fatigués après ce combat contre la nature, mais cette fois, Mère Nature nous a laissé gagner.

Cap sur les Canaries, avec une traversée d'au moins cinq jours pour les quatre navigateurs à bord. Par sécurité, et surtout par méfiance de la météo, nous longeons les côtes marocaines autant que possible. Nous surveillons de près une dépression qui nous suit de près... un goût amer de déjà-vu.