Nous avons longé les côtes marocaines pendant près de quatre jours. Des filets de pêche dans tous les coins et, à notre grande peur, un champ entier sur des kilomètres de filets. C'est impressionnant à quel point nous envahissons les océans. Nous avons eu une belle frayeur alors que nous nous sommes "perdus" dans l'un de ces immenses champs de filets, de nuit, avec la seule crainte de bloquer le bateau dans l'un de ces filets géants. Mais par chance et avec de la patience, nous avons évité le pire. Pendant des heures, avec une lampe dans la nuit noire, distinguant à peine les petites lumières donnant un indice sur la taille de chaque filet.

Pour finir, nous avons eu la chance de croiser le chemin d'un cargo, sans hésitation, nous l'avons suivi à la trace. Nous nous sommes mis dans son sillage en nous disant que si lui passe, nous passerons aussi !

Cette traversée a été un peu compliquée, non pas parce qu'elle était plus épuisante que les autres, mais parce que nous avons eu presque trois jours sans aucun vent. Nous n'étions pas les seuls dans cette situation. Nous avons croisé le chemin d'un bateau qui, par peur du manque de stock de gasoil, était à la dérive en attendant le vent.

Un petit appel à la VHF pour s'assurer que tout allait bien pour eux à bord et nous reprenons notre route, au moteur à vitesse réduite pour économiser le carburant. C'est lorsque nous arrivons à proximité des côtes des îles espagnoles que le vent se manifeste enfin. Au début timidement, puis avec plus de puissance, jusqu'au moment où nous approchons de notre destination finale.

Il est 6 heures du matin ce mercredi 20 décembre, les derniers instants avant d'être enfin sous la protection de la digue et de l'île. Romain et moi sommes inquiets car les vents se sont levés et ils nous rendent plus compliqués l'accès au chenal d'accès au port, afin d'être protégés par la digue. Nous devons être très attentifs, il y a beaucoup de grands bateaux autour de nous, certains en attente en mer, d'autres dans la zone de mouillage qui leur est dédiée.

Nous frayons un chemin parmi eux, avec la fatigue, la nuit et les rafales de vent qui ne facilitent pas les choses. Maintenant, quelques gouttes de pluie s'ajoutent à notre périple. La houle qui rebondit sur la digue nous cause un inconfort. Nous décidons de ne pas réveiller les garçons pour nous aider à mouiller, nous le ferons une fois entrés dans le chenal du port.

Il faut comprendre que l'entrée pour accéder à la zone du port se trouve au beau milieu du chenal d'entrée des ferries et des paquebots de croisière. De plus, c'est une découverte pour nous, les îles Canaries. Entrer de nuit, à travers un accès inconnu avec une météo défavorable... tout ce que nous aimons!

Nous jetons l'ancre comme nous le pouvons, la houle se brisant à l'extérieur contre la digue, ce qui diminue notre inconfort. Cependant, dans la baie d'attente pour le port, il y a beaucoup de bateaux. Nous trouvons une petite place pour les quelques heures qui nous séparent du jour. Romain se rendra au port après quelques heures de sommeil pour faire notre demande d'escale et annoncer notre arrivée.

Il nous a fallu sept jours pour arriver, alors que normalement cinq suffisent. Mais peu importe, cette traversée nous a confortés dans notre choix de faire la transatlantique à quatre navigateurs. Nous avons adoré partager ces jours avec Mattéo et Julien, deux jeunes hommes avides d'apprendre et surtout à l'écoute des conseils que nous leur avons donnés.

Le mouillage d'attente à côté du port commercial. On a vu mieux !