Quand tout s'arrête pour un examen !
Nous avons fait le choix, il y a maintenant quatre ans, de continuer une scolarisation "normale" pour nos enfants. Après des recherches intensives, nous avons porté notre dévolu sur une scolarisation au CNED réglementé. Ce choix n'est pas anodin car, lors de notre retour sur la terre ferme, nos deux garçons pourraient retourner dans le système d'éducation classique plus facilement et avec moins de contraintes.
Mais pour cela, nous étions conscients que nous devrions parfois faire quelques adaptations, notamment lors du passage des examens de niveau. Dans le système français, il y en a deux. Le DNB (Diplôme National du Brevet) qui détermine si l'élève a le niveau nécessaire pour passer au cycle d'études supérieur, ici le lycée. Ensuite, trois ans plus tard, un autre diplôme un peu plus important doit être passé en présentiel, le BAC (Baccalauréat), qui ouvre les portes des universités.
En ce qui nous concerne, nous sommes au passage du DNB pour notre aîné. C'est pourquoi nous avons mis en pause notre navigation durant plusieurs semaines. L'entraînement, la concentration et les révisions l'aideront le plus à se présenter à ces examens. Il faut dire que ce sont les tout premiers officiels, une grande première pour nous tous. À ses côtés, nous allons l'aider dans sa progression et lui donner les clés pour se sentir le plus à l'aise possible pendant ces quelques jours.
Nous sommes donc à l'ancre. Nous changeons parfois d'endroit, passant de la baie de Sainte-Anne à l'Anse à l'Ane puis à l'Anse Mitan. Le changement de vue permet de ne pas se lasser tout en jonglant entre les livres, les cahiers et les feuilles volantes baladées de table en table.
Nous sommes le 7 juin, c'est le jour de l'oral et nous sommes au mouillage. La météo est clémente. Romain est parti avec Stephen assez tôt pour trouver l'établissement et prendre la température pour le passage des écrits. Ethan et moi sommes restés sur le bateau car cette présentation ne devrait pas prendre plus de 15 minutes. Il est 11h30, Stephen n'est toujours pas passé, Romain dans l'établissement. Il est presque 12h30, j'ai enfin des nouvelles : il est passé le dernier. Au téléphone, il semble ravi car il y a passé beaucoup plus de temps à répondre aux questions et ça lui a beaucoup plu. L'oral est fait, maintenant, après deux ou trois jours de repos, nous continuerons avec les écrits.
Les écrits se dérouleront le 1er et 2 juillet, nous avons donc réservé une place au port du Marin pour plus de confort. Il faut savoir que les examens débuteront très tôt et nous avons un peu plus d'une heure de route pour rejoindre l'établissement. Notre choix semble le plus adapté. Cependant, nous sommes inquiets, la météo se dégrade, et nous nous demandons si notre choix est vraiment le plus sécuritaire.
Toujours au mouillage, les amis que nous avions quittés en avril sont en train de nous rejoindre. Une bouffée d'oxygène pour nos enfants qui ne sont pas au courant de leur arrivée. Toujours concentrés dans ses révisions, nous attendons le moment où le bateau pose leur ancre juste à côté de nous. La surprise est totale, les enfants sont ravis de retrouver leurs copains.
Quelques jours plus tard, d'autres bateaux nous rejoignent. Un vilain coup de vent est annoncé, beaucoup changent de mouillage pour se mettre en sécurité. La fin de saison semble très fragile et nous ne sommes toujours pas à Grenade pour nous protéger de la période "cyclonique".
Début de la dernière semaine de juin. Nous avons quitté nos amis pour nous remettre dans la baie de Sainte-Anne. Dans trois jours, nous allons prendre notre place au port, la tension monte, Stephen commence à sentir le poids des examens et nous, en tant que parents, nous le sentons aussi. Mais notre inquiétude est davantage portée sur la dépression qui s'approche. Annoncée initialement comme un mauvais temps, nous nous retrouvons face à la trajectoire de ce tout premier ouragan qui se présente aux portes des Caraïbes : Béryl passera lui aussi les épreuves du Brevet avec Stephen.
Aucune possibilité de fuite pour nous, les examens semblent maintenus. Ce dernier week-end avant les épreuves, nous le passons à rendre notre maison la moins attractive possible pour les vents. Nous démontons absolument tout ce qui est possible : les coussins sont rentrés, les toiles sont démontées, l'annexe est saucissonnée, les panneaux solaires ficelés en paquet cadeau. Toutes les amarres sont sorties, l'ancre a été mise pour nous prévenir des vagues qui pourraient rentrer dans le port.
Dimanche 30 juin, nous regardons notre maison, nous la retrouvons comme au premier jour, vide de toutes nos empreintes, impersonnelle. Nous sommes très inquiets, autant pour notre fils que pour la sécurité de notre maison.